Elsa : Dans quel EHPAD travaillez-vous ? Combien avez-vous de résidents ?
Karine : Je travaille pour l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) situé à Leuville-sur-Orge, 91310 qui se nomme ADEF résidence La Châtaigneraie. Les résidents sont dispersés sur 3 niveaux (rez-de-chaussée et 2 étages), il y a en moyenne 28 résidents par étage, il y a environ 84 résidents dans notre établissement.
E : Quelles sont les premières mesures de sécurité prises au début de la crise sanitaire ?
K : Avant même l’annonce du confinement, les résidents ont tous été confinés chacun dans leur chambre par mesure de sécurité et d’hygiène, le nombre de visites autorisées a diminué, le directeur a annulé tous les congés de type « vacances » et a réquisitionné le personnel soignant disponible afin d’avoir le plus grand nombre de personnel possible.
E : Une fois le confinement annoncé, quelles ont été les nouvelles mesures ?
K : Une fois l’annonce du Président faite, le port du masque est devenu obligatoire, ainsi que les gants et toutes les protections nécessaires en cas de contamination. Les visites sont devenues interdites sauf en cas de grande nécessité (fin de vie).
E : Combien de cas et combien de décès avez-vous déclaré depuis le début de la crise ?
K : Il y a environ un peu plus d’une trentaine de cas déclarés depuis le début de la crise et environ une dizaine de résidents sont malheureusement décédés du covid-19. Les premiers cas ont été observés au deuxième et dernier étage de la résidence. Nous pensons que le premier contaminé a attrapé le covid-19 suite à un séjour à l’hôpital.
E : Comment décririez vous une journée type avec le covid-19 ?
K : La journée commence généralement à 8 h parfois 7 h, on remplace les équipes de nuit. On commence par tout ce qui est petit-déjeuner, ainsi que les toilettes. Nous commençons d’abord par les résidents non contaminés pour ensuite s’occuper de ceux contaminés afin d’éviter au maximum la propagation du virus. L’après midi est organisé de la même manière pour le goûter et les soins d’hygiène, les non contaminés en premier et les contaminés à la fin. Il s’agit de journée bien remplies car il faut surveiller tous les résidents et s’assurer qu’il n’y est pas de nouveaux cas. La journée de se termine en général à 20 h.
E : Combien d’heures travaillez par jour ? Par semaine ?
K : On travaille généralement 12 h par jour avec une 1 h de pause (en temps habituel nous avons 2 h de pause mais nous n’avons pas le temps de prendre 2 h avec la crise). On travaille donc 11 h par jour, sur 6 jours cela fait 66 h par semaine.
E : Combien de jours de repos avez-vous par semaine ?
K : Habituellement entre 2 et 3 par semaine et pendant la crise seulement un jour de repos par semaine. On travaille 6 jours sur 7, parfois même une semaine consécutive avec un jour de repos le 8ème jour.
E : A quel point diriez-vous que la situation est difficile ?
K : Ce qui rend le travail de plus en plus difficile, c’est la fatigue qui s’accumule, 1 jour de repos n’est pas suffisant pour récupérer, il y a aussi la charge émotionnelle, par exemple, il y a un jour ou nous avons eu 3 décès dans la même journée. Il y a également le stress de la propagation, de mal faire les gestes, de l’attraper soi-même voire de le transmettre à ses proches. C’est difficile aussi bien physiquement que mentalement.
E : Selon vous, votre établissement est-il bien préparé et bien équipé face à la crise ?
K : Les soignants s’y attendaient, on était prêt à affronter la crise dans notre établissement, nous savions que le virus allait arriver et nous savons ce qu’il fallait faire. Cependant, le manque a déclaré, comme dans beaucoup d’autres EHPAD, hôpitaux et autres, est le manque de masques.
E : Quelle la chose la plus difficile pour vous pendant cette période ?
K : Nous avons mis en place un système de vidéo en direct sur la plateforme Skype pour maintenir un lien entre les résidents et leur famille, c’est un moment difficile à voir car il y a un grand manque, et voir nos résidents tristes nous affecte également. C’est pour moi la chose la plus difficile, le manque des résidents par rapport à leurs proches.
E : Comment vous protégez-vous ?
K : Notre tenue pendant cette crise sanitaire est composée de gants, masque, lunette de protection, charlotte, visière, la blouse du travail habituelle avec une combinaison à mettre par-dessus ainsi que des surchaussures. Des photos seront plus parlantes.


E : Pour finir, quels conseils donneriez-vous à tout le monde pour se protéger face au virus ?
K : Le meilleur conseil qu’on puisse donner est de bien rester chez vous, c’est vraiment très important, c’est ce qui permettra de faire diminuer le virus sur le territoire. Il faut aussi bien suivre les règles d’hygiène données par le gouvernement, et en cas de sortie exceptionnelle (courses alimentaires etc…) essayez de porter des gants et de bien vous lavez les mains une fois de retour chez vous avant de faire quoi que ce soit, puis, si possible, désinfectez vos poignées de portes, et emballages de courses. Le tout c’est de rester dans un environnement sain.
Elsa FORGET, étudiante en première année de BTS NDRC, a effectué cette interview de Karine PATAMIA, sa soeur, dans le cadre du Confinement 2020.
Votre commentaire